JEAN-MARIE GUEULLETTE
Ces petits aphorismes librement inspirés de Maître Eckhart ont été pour moi une heureuse découverte : la plupart des autres textes qui composent ce site nous viennent du 12ème, 14ème, 16ème siècle, ils ont très souvent été écrit par des religieux et parfois même dédié pour des religieux. Alors, pour retirer quelques fruits de ces lectures, il nous faut souvent faire notre travail de lecteur, essayer d'adapter ces messages à ce que nous sommes, nous les approprier, tenter d'en découvrir l'esprit afin d'arroser notre jardin intérieur, de trouver une lueur pour évoluer sur notre route... Ici, Jean-Marie Gueulette, avec des mots simples et contemporains, nous parle avec humilité et profondeur de ces mêmes thèmes abordés par tous ces saint : le chemin qui mène à Dieu. Merci pour cet escalier à portée de sandales!
LAISSE DIEU ÊTRE DIEU EN TOI
III
L’UNION AVEC DIEU, AU PRÉSENT
Une volonté tournée vers Dieu.
Quelques soient les faiblesses, quels que soient les obstacles, l’essentiel est d’avoir la volonté de te tenir dans l’union avec Dieu. C’est à cette source qu’il faut inlassablement revenir. Tu fais vraiment pénitence si tu appliques ta volonté à ce qui en vaut la peine. C’est la même volonté, que tu investis dans des satisfactions éphémères ou que tu te tournes vers Dieu.
La volonté peut être bonne.
En français, « faire preuve de bonne volonté », cela a un certain parfum de naïveté. Si les autres reconnaissent que l’on a beaucoup de bonne volonté, c’est souvent qu’ils suggèrent que l’on est pas très doué. Mais pourtant notre volonté, notre bonne volonté, est au cœur de notre vie morale et spirituelle. Elle ouvre ou ferme les portes à Dieu. Ici encore, il ne s’agit pas d’abandonner ta propre volonté, de la réduire à rien ou de la tenir pour négligeable, il faut au contraire l’exercer, la tourner vers Dieu.
Dieu peut si l’homme veut.
Dieu ne peut rien si l’homme ne veut rien. La toute-puissance de Dieu bute sur ce qu’il a choisi de respecter, c’est-à-dire la liberté de l’homme. Dieu peut tout en celui qui veut, qui a bonne volonté, même s’il est incapable de réaliser pleinement ce qu’il veut. La bonne volonté rend disponible. La mauvaise volonté, ou l’absence de volonté claire, rend imperméable. Peguy disait que « les âmes vernies ne mouillent pas à la grâce ». Le vernis, c’est la volonté qui a démissionné, la volonté qui ne se tourne pas vers Dieu. Il prend parfois, perfidement, l’apparence de la lucidité ou du remords : « je ne vaut rien, je ne suis capable de rien, je ne suis qu’un pécheur. » Ce que Dieu attend de toi, ce n’est pas que tu sois capable ou que tu sois sauvé du péché, car c’est son travail à lui ; ce qu’il attend, c’est ton désir, ta volonté de le suivre. Maintenant.
Je veux Dieu inlassablement.
Cette bonne volonté est à exercer sans relâche, sans se désespérer des résultats parfois médiocres que tu obtiens.
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La grâce de Dieu dans la faiblesse.
Ne te désespère pas quand tu vois que ta vie est marquée par la faiblesse et la banalité, qu’elle ne contient aucune prouesse spirituelle, physique ou apostolique. Il te faut discerner quels sont les lieux qui nécessitent ton effort et ta conversion, en te rappelant que c’est au cœur de notre faiblesse, de nos ambiguïtés que le Seigneur nous invite à lui ressembler, à nous unir à lui. C’est paradoxale, c’est surprenant, mais c’est pourtant là qu’il t’attend.